Princesse en convalescence - Chatte sauvage après stérilisation
Voici comment j'ai transformé ma chambre à coucher en chambre d’hôpital pour une chatte sauvage après une opération (ovariectomie-stérilisation avec enlèvement d'une portée de petits).
Cette minette de rue, nourrie par quelques personnes dans mon quartier, ressemble beaucoup à Lili que j'ai perdue. J'y étais donc un peu attachée et je m'inquiétais pour elle car elle semblait à nouveau sur le point de mettre au monde des petits chats. Deux ans auparavant, elle avait accouché de bébés chats dans des rochers près de l'étang, et par la suite certains se sont fait écraser. Triste sort pour des animaux urbains. Inutile donc de les laisser proliférer car certaines personnes choisissent aussi de les réguler par le poison !
Alors, je me suis fait prêter une cage piège par l'association de protection des animaux de ma commune. Progressivement, elle s'est habituée à manger dedans. Mais d'autres chats, sont venus, convoitant aussi la nourriture et la chassant. De ce fait, elle venait moins régulièrement. Elle guettait parfois mon retour du travail, mais jamais aux heures "convenables" pour la kidnapper, fermer le piège et la transporter chez le vétérinaire !
Une voisine que je connaissais peu a décidé de l'attraper et de l'amener chez le vétérinaire. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Je n'en croyais pas mes yeux. Mardi 2 avril, lorsque nous avons sorti la cage de la voiture avec la pauvre bête dedans, assommée par l'anesthésie, celle-ci m'a reconnue avec un petit miaulement. Il a fallu terminer de préparer la chambre en catastrophe. Au préalable, sachant qu'elle se cacherait sous mon lit, j'y avais installé un drap blanc stérile. De mon côté, je devais dormir dans une autre pièce. Concernant le traitement post-opératoire, le vétérinaire lui avait fait une piqûre d'anti-inflammatoire, une autre d'antibiotique, le tout pour 10 jours. Un souci de moins.
J'ai pris soin de fermer les volets et la fenêtre.
Commença alors la grosse inquiétude de faire vivre chez soi un chat sauvage, après une lourde opération....
Le soir même, elle ne devait ni manger, ni boire. Elle est seulement restée dans la cage ouverte, dissimulée par une petite couverture. Le lendemain, je me suis fait un immense plaisir d'aller lui parler et de lui donner à manger. Mais prostrée dans sa cage, elle n'a pas touché à la nourriture. C'est seulement à la fin de la journée qu'elle a décidé d'assouvir sa faim. Elle avait adopté la cage comme lieu de cachette. Mais dès lors que j'ai dû restituer cet équipement, elle s'est blottie sous mon lit.
J'avais pris soin de retirer tous les objets qui pouvaient présenter un danger ainsi que les petits meubles sur lesquels elle aurait pu être tentée de sauter. Mais je n'avais pas pensé au lit. A peine deux jours après l'opération n'ayant plus sa cachette connue, elle a décidé de s'installer confortablement sur mon lit !
Ce qui voulait dire qu'elle avait sauté plus de 40 cm avec le ventre recousu ! Dès le lendemain j'ai téléphoné au vétérinaire pour connaître ce qu'elle risquait si un point avait lâché... elle risquait "au pire" une éventration et/ou que l'intestin se bloque à l'intérieur du muscle, lui même recousu. Donc plus de digestion possible...
Il n'y a pas de mot pour décrire l'angoisse qui s'est emparée de moi à partir de cet instant. Je n'en ai pas dormi, me sentant totalement responsable s'il fallait à nouveau l'opérer. Mais comment la rattraper si besoin ? Elle restait calme, prostrée. Bien sûr, rien ne pouvait se lire sur sa petite figure. Je n'avais plus qu'une obsession, attendre le matin pour inspecter s'il elle avait bien mangé et bien fait sa crotte. La nuit fut très longue, je me sentais impuissante au point de me surprendre à "prier", je ne sais qui je ne sais quoi !
Par chance, le matin, il n'y avait aucune trace de sang sur sa couche. Elle avait fait ses besoins et mangé. Je me suis donc rassurée et parfaitement détendue ! Les jours suivants, un rituel s'installa. Je m'annonçais lorsque je pénétrais dans la chambre pour qu'elle ait le temps de descendre du lit. Je lui ai même installé une "marche" pour qu'elle fasse moins d'efforts.
Mais aussi, je n'ai jamais essayé de l'approcher de force, je lui parlais, je ne tentais pas de la toucher sachant qu'elle me considérait comme un prédateur et qu'elle même se considérait comme une proie potentielle. Par précaution, lorsque j'aérais la pièce, c'était toujours avec les volets fermés afin qu'elle ne saute pas par la fenêtre.
Avant de lui rendre sa liberté, je l'ai traitée contre les vers avec du Drontal. En effet, comme la plupart des chats de rue, elle en était infestée. Il est indispensable de traiter un animal contre les vers car son système immunitaire s'en trouve affaibli et ces parasites peuvent conduire à la mort s'ils sont trop nombreux. Mais j'ai dû prolonger le séjour d'une journée pour la traiter à deux fois, car elle avait à peine consommé la nourriture qui contenait le comprimé complet dissous. Encore bien des frais car un seul comprimé de Drontal coûte 6 euros ! Mais que ne ferait-on pas pour une princesse ?
Après 14 jours de convalescence, le moment était venu de la laisser partir. Avant de me coucher j'ai laissé la porte de ma chambre ouverte et cloisonné le chemin pour qu'il la conduise vers la sortie. Elle ne s'est pas fait prier...
Aujourd'hui, 17 avril, Princesse a retrouvé sa liberté, et moi mon lit !
Mais j'ai tout de même un petit pincement au cœur : c'est un peu comme si je perdais une seconde fois Lili. Et que fera-t-elle dans ce milieu urbain si hostile pour les animaux de rue ?